Projet Mokambo (RDC)

  
Depuis plus de 17 ans, Pierre Kakumbi, habitant de la région, et Marianne Lefebvre, ancien professeur du Sacré-Cœur de Jette il y a déjà pas mal d’années, servent à Mokambo, un gros village dans le Sud de la Province du Katanga, au sud-est du Congo.

Sur place, la scolarité est payante, même en primaire. La plupart des enfants n’ont donc pas la possibilité de fréquenter l’école d’autant plus que les familles sont très nombreuses (8, 10, 12 enfants) et qu’il n’y a évidemment pas d’allocations familiales. Marianne et Pierre ont tenté d’instaurer un système de parrainages par des familles belges.

Pierre et Marianne ont ouvert un internat qui accueille des jeunes qui ne pourraient pas suivre une scolarité à Mokambo, car leur famille habite trop loin de ce village. Ces adolescents y font leurs devoirs et y logent chaque jour. Ils y restent aussi les week-ends car ils ne rentrent chez eux que lors des vacances plus longues. Les parents « paient » pour l’hébergement de leur enfant une somme d’un sac de céréales trimestriel… Les plus nantis offrent également à Marianne et Pierre une poule…

En journée, pendant que les jeunes internes sont à l’école, Marianne et Pierre ouvrent leurs locaux à des enfants ou des jeunes provenant de familles sans moyens financiers, afin qu’ils puissent avoir des cours d’alphabétisation où les apprentissages sont centrés sur la lecture et le calcul. Les cours se donnent trois heures par jour (le matin) et leur qualité permet à ces enfants de pouvoir éventuellement entrer l’année suivante en… cinquième primaire. Ces jeunes sont si heureux d’avoir accès à une scolarité, certes très modeste, mais tellement importante pour eux dans un chemin de développement. Ils retrouvent ainsi une dignité dans leur existence difficile. Pierre et Marianne financent le salaire des deux instituteurs car la scolarité y est gratuite pour les enfants qui viennent fréquenter les cours donnés chez eux, la journée. Pour diminuer les frais, Marianne et Pierre donnent également cours.

Inutile de dire que tant les internes que les externes sont terriblement heureux d’être accueillis, comme dans une famille, par Pierre et Marianne ! 🙂

L’aide du Sacré-Coeur

Depuis 2011, à travers les courses relais et les repas des Anciens, le Sacré-Coeur a notamment déjà permis à Marianne et Pierre de :

  • agrandir leur espace d’accueil afin de pouvoir aider plus de familles
  • construire un premier puits, puis un second, plus profond
  • payer les salaires des enseignants
  • acheter des bancs et des tables
  • acheter du matériel pédagogique
  • réparer un toit
  • acheter un nouveau véhicule 4×4
  • acheter une photocopieuse et un groupe électrogène
  • louer une maison en Zambie pour l’accès à des études secondaires
  • acheter des tricycles pour des personnes handicapées

Nouvelles d’octobre 2024

Voici ce que Marianne nous écrivait le 05/10/2024…

« Tout d’abord, la situation s’est fort compliquée avec la dégradation économique, l’insécurité et l’augmentation de la misère. S’ajoutent à cela les effets du réchauffement climatique : nous recevons l’électricité de la Zambie, pays voisin. Avec la raréfaction des pluies en Afrique australe, les barrages ne se remplissent plus et l’électricité se fait rare. Nous en sommes actuellement à trois heures de courant par 24heures. Donc 3h d’eau aussi (c’est le courant qui alimente les pompes, il n’y a pas de distribution d’eau publique). Nous « trichons », nous, car nous avons un groupe électrogène que nous allumons quelques heures de temps en temps pour le congélateur et un complément d’eau. 

L’enseignement primaire est toujours en grève, mais le gouvernement fait le mort. Les salaires permettent juste de se nourrir, mais même pas d’envoyer les enfants en secondaire. Une année scolaire en secondaire coûte à peu près 270 euros par an pour des familles très nombreuses (sans allocations ni mutuelle) qui ont moins de 10 euros par mois pour vivre.

Nous en parrainons 17 en secondaire et une vingtaine en primaire (en primaire, les frais s’élèvent plus ou moins à 25 euros par an). Nous en avons un aussi en école professionnelle. Tout cela est dérisoire, bien sûr. De même que les colis de nourriture que nous assurons chaque semaine à quelques familles, vieux ou malades. Une goutte d’eau.

L’alphabétisation a repris. Nous avons réduit le nombre des enfants ce qui nous permet de n’avoir plus que deux classes (donc 85 élèves). C’est que notre âge nous limite. A la Plaine, deux groupes de maternelles de 4 et 5 ans réunissent une petite cinquantaine d’enfants avec deux institutrices. La Plaine est ouverte à tous les enfants chaque après midi, avec surveillance : c’est la tyrolienne qui est numéro 1 auprès des enfants. 

Nous avons ouvert l’an passé un local de couture ouvert aux filles qui suivent des cours de coupe-couture  chez les sœurs (les machines, chez elles, sont toutes en panne). Ça remporte un franc succès. Nous cherchons de vieilles machines à pédales, pas électriques. Lorsque les filles ont fini leur formation, nous essayons de leur trouver une machine, ce qui leur permet de vivre . Encore une fois : une goutte d’eau.

Les élèves que nous parrainons ont une étude obligatoire quotidienne, ce qui permet d’avoir des résultats meilleurs. Nos 4 internes (2 garçons et 2 filles) se joignent à eux pour l’étude

Chaque jeudi pour les filles, et chaque vendredi pour les garçons, les enfants de l’alphabétisation, et quelques autres, se mesurent sur notre terrain de foot avec leur entraîneur. Succès total. Nous avons des ballons mais faute de chaussures, … beaucoup jouent à pieds nus. Ambiance assurée chaque fois.

Beaucoup de gens frappent à notre porte pour demander de l’aide : réparer une toiture, donner du lait en boîte à un bébé dont la maman est décédée, payer des frais médicaux, une césarienne, un loyer, une réparation de vélo, une voiturette, un pull ou un anorak, etc….. La misère a beaucoup de visages.

Nous sommes seulement les mains de ceux qui nous aident avec leurs dons, vous tous. Et nous voudrions vous offrir le sourire de ces gens, de ces enfants, qui remercient. »

Interview de Marianne réalisée lors de son passage en Belgique en 2015

Quelques photos de la vie sur place…